Excursion lancinante.

Excursion lancinante.

Totalement étourdi, Michael ouvra les yeux, la vision floue et le cœur lourd. Il voyait à peine devant lui, mais ce qu'il savait, c'est qu'il était dans la prison des machines. Pourquoi ? Aucune idée. Ah si ! Quelque chose lui revenait en tête. Il était venu pour voir si rien n'avait changé depuis la dernière fois. Michael n'était venu qu'une ou deux fois en cet endroit, pour mener l'enquête pour son parti. Il releva la tête et porta sa main à sa tête. Bon sang, combien de verre avait t-il pu boire hier soir pour venir ici ? Une bonne centaine, il devait vraiment avoir perdu l'esprit. A croire qu'il était dans une des cellules, et qu'il avait même tenté de fermer la porte à clef. Il avait dut s'endormir ici, très probablement. En tout cas, c'est ce qui lui disait ce terrible mal de crâne vermineux, qui tiré sur ses cervicales et qui ramollissait ses yeux. Une fois avoir reprit ses esprits, le digne citoyen de Laëtian se releva fièrement, et un frisson d'horreur le parcouru. Cette prison. Cette abominable prison. Elle n'avait pas changé. D'ailleurs, Michael avait un double de clefs de la porte. Comment il l'a eut ? Ah ça, c'est un secret... C'est surement comme ça qu'il était pénétré ici. D'ailleurs, il ne voyait pas d'autres solutions. Le leader grimaça, de terrible courbatures parcourant son corps. Il cligna plusieurs fois et plissa les yeux, tentant de retrouver ses sens. Sa tête lui tournait terriblement, et il hésita nombreuses fois à se rassoir. Finalement, il s'avança vers la porte, la tête lourde comme une pierre. Il ouvra la porte avec force et sortit dans le couloir. L'angoisse le saisit soudainement ; et si... Et si ses rumeurs disaient vrai ? Si il y avait réellement des machines encore en état de marche ici ? Et si c'était elles qui l'avaient enfermées, en profitant pour tout leurs congénères que Michael avait détruit en 2453 ? Allons, allons ! Le leader secoua la tête et rit de lui même. D'où sortait t-il tout ça ? Il était évident que les machines ici présentent avaient été toutes détruites. Néanmoins, toujours peu rassuré, il s'avança fertilement dans le long couloir sombre.

- Oublier nos peines et nos remords, oublier nos peurs et nos erreurs. Nos histoires se ressemblent et se désassemblent. Si tendres, renversantes comme une évidence. Elle lui dirait les mots qu'on aime, ces mots qui nous emmènent. Ceux qui nous atteignent bien plus qu'un "Je T'aime". Partager nos rêves étourdissants, capturer ce sentiment. Nos histoires nous surprennent, et nous désapprennent, étranges, renversantes, comme une évidence. Elle lui dira les mots qu'on aime, ces mots qui nous emmènent, ceux qui nous entraînent, au-delà des "je t'aime". Il lui dira qu'elle est si belle, qu'il fera tout pour elle. Une idée irréelle, au-delà des "je t'aime".

Chantonnant, ou plutôt marmonnant sous sa barbe d'un air juste, il continuait son escapade les jambes tremblantes. Plus il s'enfonçait, plus il faisait sombre, et plus il avait peur. Oui, ce choc d'enfance n'était toujours pas passé. Sérieusement, qu'elle idée de venir ici, même totalement ivre. D'ailleurs, il venait de se faire à l'idée qu'il avait surement du laisser la porte ouverte, et que n'importe qui aurait pu entrer, et que si Michael ressortait un jour ou l'autre en refermant la porte derrière lui, il pourrait très bien condamné une personne innocente. Cette idée accentua encore plus le nœud au ventre de Kowalski. Quelque chose raisonna derrière lui, comme un bruit de pas. Cette annonce suffit pour mettre notre cher invité dans une panique totale. Il dévalisa tout le couloir à grands pas, s'enfonçant dans l'obscurité. Après cinq bonne minute de course, il remarqua qu'il ne voyait plus rien du tout, et qu'il marchait sur quelque chose de mouillé, comme une énorme flaque. Il enfonça son visage dans ses paumes, tentant de se calmer. Il n'était pas du tout en état de retrouver son chemin, il avait encore du mal à savoir où était sa droite et sa gauche. Après quelque instants, Michael se rappela qu'il avait une grand paquet d'allumettes avec lui, il l'avait piqué à un ami le soir car il avait marre de sentir l'odeur de cigarette. Il sortit alors le grand paquet, et quoique avec beaucoup de mal, gratta l'allumette sur l'emballage. Ce qu'il aperçu devant lui lui coupa tout simplement le souffle, à un tel point qu'il en oublia que l'allumette se terminée à grands pas. Il tenta de calmer sa respiration, mais rien y faisait ; il ne rêvait pas, c'était bel et bien devant lui...

Il y a des fois comme ça où on ne sait pas pourquoi on fait ça.

Eh bien c'est un peu mon cas. Figurez-vous que je n'ai aucune, mais alors aucune idée du pourquoi je suis ici. Quelle est la raison pour laquelle mes pas m'ont guidé ici ? Pourquoi a-t-il fallu que cela tombe aujourd'hui ? Je ne suis pas encore tout à fait remis. Le pire, c'est que j'ai marché jusqu'ici conscient. Quel crétin je peux faire parfois. Je soupire. Je suis à l'extérieur. Le soleil vient tout juste de se lever, je me suis mis à marcher sans trop savoir pourquoi. J'avais besoin de marcher, voilà tout. Et voilà que de beau matin, je me retrouve devant l'endroit que je crains le plus. Que je voulais éviter le plus longtemps possibles - parce que je sais qu'un jour où l'autre, j'y mettrais les pieds. Ce n'est pas de la curiosité. D'autres qui ne les avaient pas connu pourraient se permettre d'être curieux. Pas moi. Non, je n'ai pas l'excuse d'ignorer à quoi ils ressemblent, ou de n'en avoir jamais approché un. J'ai très bien connu ces fichus robots, ils ont ruiné ma vie et ça, je ne leur pardonnerais jamais. Non, jamais. Ce genre de choses ne se pardonnent pas. Si je tue votre mère, vous me le pardonneriez ? Non, et bien moi non plus. Oui, c'est une fichue machine qui a tué ma pauvre mère impuissante. Et moi, je suis arrivé trop tard. Frustré de me rappeler cette histoire sombre, je regarde la prison en contre bas. Elle m'effraie d'ici déjà. Mais maintenant que je suis là, je ne peux plus reculer. Je n'y reviendrais certainement jamais mais il faut bien que j'y mette les pieds une fois. J'inspire à fond. Une main dans la poche pour me convaincre moi-même de ma décontraction que je suis loin d'éprouver, je descend le chemin pour me rendre devant ses portes.

Bon et bien même devant, j'ai encore moins envie d'y entrer. Ses portes m'impressionnent. Mais je suis ravi, d'un côté, de savoir que ces saletés de ferrailles sont emprisonnés. Que nous les avons vaincus, malgré tout. Je n'étais déjà plus sur Terre, moi, lors de la victoire mais je m'en fiche, c'est toute notre espèce qui était en jeu. Alors je peux me réjouir de la domination de l'être humain contre les robots. Après-tout, j'y ai participé, à son commencement, à cette guerre. Je secoue la tête, arrêtant de fouiller dans les souvenirs. C'est mauvais de ressasser le passé. Je l'ai appris et ne cesse de l'apprendre encore. Je m'avance vers les portes. Qui doivent être closes. En même temps, cela me donnerait une excuse de repartir d'où je viens. Mais l'une d'elles est entrouverte. J'y crois pas. Vraiment pas de chance. Je soupire, mais m'y engage quand même. Dedans, tout est sombre. Les mains dans les poches, sans trop savoir où aller, je m'engage dans un couloir au hasard. Après-tout, je ne sais même pas ce que je viens chercher ici. Je marche, quasiment dans le noir même si cela ne m'a jamais gêné, quand sur ma droite, j'aperçois des cellules. Je m'approche, curieux. J'observe les pantins de fers à l'apparence si humaine. Dans celle-ci, ce sont des adultes plutôt âgés. Je passe à la suivante, distrait. Ici, des enfants. Je les regarde, étudie leurs yeux éteints. Quand soudain, j'en reconnais un. La surprise me coupe le souffle. Cela fait plus de quinze ans que je ne l'ai plus vu. Mais je me souviens de lui. Maxime. Je le regarde, le coeur battant. Quand soudain, il ouvre les yeux. Ensuite, tout va très vite. Je recule de plusieurs pas, surpris. Trébuchant, je fais donc du bruit. Sûrement cet écho qui t'alerte, un peu plus loin dans le même couloir que moi. Mais si encore je savais que tu étais là... Qu'il y avait quelqu'un dans cet enfer. Et puis soudain, un nouveau bruit. La cellule est plongée dans le noir, mais ce n'est pas de là que ça vient. Mais de ma gauche, dans le couloir. Le bruit d'une course. Quelqu'un court ! Peut-être les rumeurs sont-elles vraies alors. Et si c'était une des machines à mes trousses ? Paniquant, je fais demi-tour et repars d'où je suis venu en courant. Je passe devant l'entrée mais ne m'en rends pas compte. Je dévale des escaliers, des couloirs, je ne sais pas où je vais. Mais sur le moment je m'en fiche. Ca doit être comique quand même. Toi et moi, fuyant chacun l'autre du côté opposé. Ah, l'imagination...

Enfin, je finis par m'arrêter. Le souffle court, je me plie en posant mes mains sur mes genoux pour récupérer plus vite. Alors seulement je me relève. Je ne distingue rien. J'inspire à fond, souffle doucement. Je parviens à me calmer. Jusqu'au moment où, seulement quelques minutes plus tard, j'entends autre chose. Un craquement d'allumette. Etrange comme le hasard nous aura fait nous fuir quelques minutes plus tôt dans le couloir du haut, et comme elle nous aura fait nous rencontrer tout de suite. Car soudain, la lumière jaillit aveuglante. Nous ne sommes chacun qu'à cinq mètres de l'autre.

Il se remémorait encore cette course, les escaliers qu'il avait dévalisé dans le noir, la marche qu'il avait loupé et sa tête cognant la rampe. D'ailleurs, le souffle coupé, il fixé devant lui. C'était un homme. Une machine. L'allumette se termina, brûlant ses doigts, le ramenant à la réalité. C'est alors qu'un étrange pigment traversa toute sa colonne vertébrale, et son cerveau ordonna immédiatement de se défendre. Il gratta fermement une seconde allumette et recula vivement de plusieurs pas, ses yeux noirs fixant la chose devant lui. Ce garçon avait l'air tellement parfait qu'il n'y avait aucun doute ; il était fabriqué de toutes parts. Les muscles de Michael roulèrent sous sa peau alors qu'il siffla ses paroles :

- Toi, la bête, tu va m'écouter. - il s'efforça de cacher son air paniqué derrière son ton menaçant - la guerre, c'est terminé. T'as perdu. Alors si tu veux pas que j'te démonte, j'te conseil vivement de retourner dans ta caverne. Et fais gaffe, j'fais du karaté hein !

Oui, ça avait peut être l'air drôle. Mais ça l'était beaucoup moins pour Michael, qui se sentait totalement vulnérable. De plus, les allumettes s'éteignaient sans cesse. Quelle qualité de merde ! Il gratta une autre allumette tout en reculant, et remarqua de nouveau ce bruit, comme une marche sur l'eau. Il baissa la tête, et même sous le peu de lumière, il distingua de l'eau sale ; on aurait dit... Du sang ?

- En fait non, j'te laisses !

D'habitude, Michael ne s'exprimer pas comme un adolescent. En fait non, ou si. Ou pas, on ne sait pas en fait, vu qu'il change tout le temps... Sur ces paroles, prenant toujours l'individu devant lui pour un danger potentiel, il mit ses jambes à son coups et prit la fuite vers la direction par laquelle il était venu.
Je peux vous jurer que devant un être vivant, Michael n'est pas aussi peureux. Mais, son passé à été fort douloureux, et le choc pour les machines n'est jamais passé.
Il ne voyait absolument rien ; rien. C'est comme s'il avait perdu ses yeux. Il longé le mur, paniqué, entendant de nouveau des bruits de pas de course derrière lui. A cet instant là, Michael aurait vraiment voulu mourir ; ou plutôt se réveiller chez lui, même en larmes, même dehors - oui il était somnambule - ou dans le jardin des voisins, partout, mais pas ici.
Il était à bout de souffle, et sa tête le frappé tellement qu'il doutait s'il l'avait encore sur les épaules. Le Leader se retrouva de nouveau sur les mêmes escaliers, toujours suivit. Ou plutôt traqué. Il remonta les marches trois par trois, et quatre par quatre à la fin. Ah, il ne regrettait absolument pas son jogging de chaque matin, et les sous qu'il devait verser pour aller à la salle de musculation. Néanmoins, les chaussures mouillées pour courir, c'est pas forcément la meilleure chose. Et d'ailleurs, son pied glissa et son menton frappa directement la marche en pierre. Là, il était carrément sonné.
Tant pis - comme il dit - c'est finit. Il était incapable de relever la tête, le noir autour de lui avait l'air de tourner, et au fur et à mesure, il entendit les pas se rapprocher, et une respiration haletante. Ça y était, c'était terminé. Punaise, Michael, c'est vraiment con comme mort. Attendez, une respiration haletante ? Nan mais vous avez déjà vu une machine fatiguée vous...? oo

( Magnifique )

Un jour, on m'a dit de toujours croire mes intuitions. Car c'est là la véritable boussole qui guide les hommes.

La lumière jaillit. Et c'est là que je te découvre. Un homme. Qui semble un peu plus âgé que moi. La clarté ne reste pas longtemps, mais assez pour que je puisse découvrir dans ton regard un doute dangereux. Et si... et si tu étais une machine ! Automatiquement, je recule. Mais je trébuche. C'est mouillé par terre. Je relève la tête. La lumière se rallume, tu viens de craquer une nouvelle allumette. Je dois être aussi affolé que toi. Aussi indécis, aussi... perdu. Tu as reculé aussi. Tu es grand, fort, je ne peux rien contre toi et ton squelette de fer. L'air est comprimé, j'ai l'impression d'étouffé. Je vais mourir ici, tué par une machine, comme ma mère, et... mais attendez. La lumière s'éteint de nouveau et j'attends, sans un geste, que tu la rallumes. Alors, je t'observe. Oui, c'est bien de la peur que je lis dans ton regard. De la peur comme il y a dans mes yeux aussi à ce moment là. Une machine... qui aurait peur ? Impossible. C'est quand tout se fait clair dans ma tête, que tout s'assombrit brutalement autour de moi. Logique, tu te barres avec la lumière et ma seule chance de survie ici. Je ne peux même pas te crier quelque chose, tu es déjà loin. Vive le temps de réaction.

Je me lance alors à ta poursuite. J'entends des pas de course derrière-moi. Je ne voudrais surtout pas m'imaginer que ce sont des machines, alors pour me rassurer, je me dis que ce doit être mon écho. D'ailleurs, c'est sûrement ça. Des machines ont autre chose à faire que de poursuivre un imbécile qui se perd déjà très bien tout seul. Maladroit, je glisse sur une flaque de je-ne-sais-quoi et me rattrapa au mur. Mon souffle est court et heurté. Je n'arrive pas à respirer normalement. Au loin, j'entends encore tes pas précipités. Alors, sans attendre plus longtemps, je me rue vers toi. Je cours depuis plusieurs minutes dans le noir et je commence alors à perdre toute notion de temps et de lieu. Je ne sais pas combien de temps ça fait, ni où je suis. Mais je continue, m'épuisant toujours un peu plus à chaque fois. J'ai compris que tu avais, comme moi, cru que j'étais une machine. Mais je n'en suis pas une et j'ai besoin de toi. Je crois que nous n'arriverons à sortir d'ici qu'ensemble, à deux. Je sais que seul, je n'y parviendrais pas. J'ai bien trop peur de ces machines. Je ne m'en suis jamais réellement remis non plus. Peut-être avons-nous là une ressemblance entre nous. Peut-être cela nous sauvera-t-il. Je cours, donc, les pieds commençant à trainer, quand je m'aperçois que je ne t'entends plus. Et soudain, tu es là, à mes pieds. En plissant les yeux, je devine les escaliers. Encore un peu et je te rentrais dedans.

Je te regarde. Approche mon oreille de ton dos. Tu respires. Tu dois être juste assommé ou trop épuisé pour continuer. Certainement terrifié à l'idée que je t'aie rattrapé, si tu crois toujours que je suis un robot. « Je... ne suis pas une... machine. » Je t'assure en tentant de reprendre une machine. Ma voix est rauque mais vacillante ; je sais très bien que je suis mort de trouille. Mes yeux ahuris te regarde et je t'aide à t'asseoir. « Toi, ça va ? »

Même si Michael avait décidé de faire un somme un peu précipité, il n'en était pas pour autant totalement mort. Allons, allons, Michael, moi aussi j'ai eu peur, mais on a compris maintenant, pas vrai ? Le jeune homme fronça les sourcils, sa tête résonnante comme une cloche : « Je... ne suis pas une... machine. » Voilà confirmation. Le Leader ouvra un œil. La voix de son interlocuteur était tremblante, et lui même, on aurait pu dire qu'il était en mode vibreur. Il le saisit pour l'aider à s'assoir sur la marche. Michael secoua soudainement la tête, et tout d'abord ses yeux se rejoignirent sur son nez, lui rendant un air purement débile. Mais dans le noir, qui l'aurait aperçu. Finalement, il releva les yeux vers le garçon qui lui avait parlé, et qui l'avait d'ailleurs traqué : « Toi, ça va ? » Au départ, ça voit ne fut qu'un murmure, revenant et repartant dans l'esprit de Kowalski. Finalement, il déduit que sa tête était bel et bien sur ses épaules, chose qui l'emplit immédiatement de joie. Et le hasard fit qu'en plus de ça, il se rappela de son prénom, de son nom, et même de comment il s'était frappé la tête. De plus, il avait enfin comprit que l'homme devant lui était fait de chaire et d'os.

- Ah hum, oui, enfin, moi non plus. - balbutia t-il.

Il porta sa main à sa tête, et sentit un liquide chaud sur son front. Il reprit enfin totalement ses esprits, se releva, saisit le jeune garçon par l'épaule, l'entraîna sur le grand escalier, franchit la lourde porte en fer d'en haut, la referma derrière lui, et fut totalement aveuglé par la lumière. Il n'y en avait pas tant que ça, mais tellement par rapport à là bas, à cette cave. Néanmoins, ils étaient encore bien loin de la sortie.
Un grand silence s'installa entre les deux hommes, pendant lequel on les entendaient reprendre leur souffle. Finalement, Michael se laissa tomber le long du mur, s'asseyant par terre.

- Alors. Reprenons à zéro - il avait reprit son calme et son sérieux de leader - je me nomme Michael Kowalski. Je suis arrivé ici en étant ivre, et à vrai dire, c'est toute l'histoire. Mais vous, vous n'avez pas l'air d'avoir passer toute la nuit à boire et faire des paris stupides...?

Sur la fin, il afficha un air curieux et perplexe. Il était clair que le moment n'était pas forcément bien choisis pour faire connaissance, mais en même temps, si l'un d'eux perdaient la vie et que l'autre survivait, au moins ils sauraient quel nom mettre sur la tombe...
Michael fixa toujours le jeune homme, dont il espérait bientôt connaître le nom. Pas besoin de le cacher ; il était mort de peur. Bien qu'il cachait ses mains, elles tremblaient terriblement. C'était un abominable cauchemar. En plus de ça, Michael ne savait même plus pourquoi il avait mal à la tête ; à cause du stress, de l'alcool, du coup, ou alors était t-il déjà devenu fou ?

Déjà, je suis rassuré. Tu commences à bouger, et je ne te presse pas pour que tu me répondes, te laissant aller à ton rythme. Tu sembles t'examiner. Ton souffle redevient un peu plus naturel. Je crois. Après-tout, je ne suis pas médecin, je n'en sais rien. Mais je sais reconnaître une respiration normale. J'en profite pour reprendre mon souffle à mon tour. J'essuie la sueur qui a perlé sur mon front. « Ah hum, oui, enfin, moi non plus. » me répond-tu. J'hoche la tête ; je l'avais déjà compris mais que tu me l'affirmes à voix haute me paraît rassurant, ne cherchez pas trop pourquoi. Vous devez savoir qu'avec moi, la logique est parfois bien mystérieuse. Je vois le sang qui coule sur ton front, mais ne sait pas quoi faire. Comme dit juste avant, je ne connais pas grand chose à la médecine. J'envisage de déchirer un bout de ma chemise mais avant que je puisse porter ma main à un pan de mon haut, tu te lèves soudainement. Je ne peux m'empêcher de sursauter, et lève la tête. Je me relève. Tu me prends par les épaules, et c'est partit. Nous marchons, vite, comme si nous pouvions fuir cet endroit horrible. J'aimerais bien, tiens, pouvoir m'en aller vite vite vite, allez chez N'Ashka et me souler jusqu'à demain matin tiens. J'oublie très vite cette idée stupide. D'autant que nous sommes loin de la sortie. On franchit une porte. Je ne sais même pas où on va, le sens de l'orientation n'a jamais été sympa avec moi. La lumière m'aveugle. Le soleil ! Ou pas. Nous ne sommes pas sortis, il fait juste un peu plus clair. Plus besoin d'allumette et je distingue à présent ton visage. Oui, tu es un peu plus vieux que moi, une allure de meneur, des cheveux bruns foncés. Je reprends ma respiration et ne trouve rien à dire. Tu te laisses glisser le long du mur. Je reste un moment debout, puis finit par secouer la tête et je me laisse tomber à côté de toi aussi. Je pose la main par terre et une douleur me prend. Je la retire, et la regarde. Une trainée de sang s'en échappe, mais il n'y a rien par terre. J'ai dû m'érafler contre le mur quand j'ai trébuché toute à l'heure. J'hausse les épaules et soupire. Je regarde tes mains. Je vois qu'elles tremblent. Regarde les miennes, dont l'une tient celle qui est blessée. Elles tremblent aussi. Bon, déjà, je ne suis pas le seul qui soit très mal à l'aise dans cet endroit qui m'horrifient. Peut-être toi aussi as-tu peur des machines, après-tout. « Alors. Reprenons à zéro. » Je me tourne vers toi, attendant que tu poursuives. Tu sembles muni d'un sang froid qui soit revenu bien rapidement. Tant mieux. « Je me nomme Michael Kowalski. Je suis arrivé ici en étant ivre, et à vrai dire, c'est toute l'histoire. Mais vous, vous n'avez pas l'air d'avoir passer toute la nuit à boire et faire des paris stupides... ? » Je souris - oui c'est le mauvais moment pour sourire mais je souris quand même è_é. J'inspire doucement, avant de te répondre. « Enchanté Michael. Moi c'est Dave. Dave Martel. » J'ai encore le souffle court, et suis sur mes gardes. Le moindre bruit me ferait sauter au plafond. « Non, en effet. En fait, je suis venu ici par "hasard". 'Fin je marchais et puis voilà. Alors, comme il fallait bien qu'un jour je passe par cette épreuve, j'en ai profité. Je t'avoue que ça m'a fichu une sacré trouiller et que quand on sortira de là, je n'y remettrais plus jamais les pieds. » Je souris d'un sourire un peu tendu. Je me fiche de savoir si tu vas me prendre pour une mauviette ; je suis comme je suis et on a tous nos peurs et faiblesses.

Ses yeux s'habituaient peu à peu à la lumière. Elle passait par un tout petit hublot, dont la vitre n'était qu'un carré d'environ trente centimètres, et en plus de ça, totalement floutée. Mais cela suffisait pour que Michael distingue son interlocuteur ; son visage avait l'air parfait, comme peint par un très grand artiste. Sa peau avait l'air douce, et bien tendue sur son visage. Ses cheveux étaient d'un blond pur, avec quelque reflets. Il respira à fond, entendant la voix du jeune homme : « Enchanté Michael. Moi c'est Dave. Dave Martel. » Dave Martel. Michael avait déjà entendu ce nom. Martel... Martin, Marquis, Marty, Mar... Mar... Non, non, il en était sûr, c'était bien d'un dénommé Martel qu'il avait entendu parlé. Mais oui ! Quel crétin ! Dave Martel ; Médium ! « Non, en effet. En fait, je suis venu ici par "hasard". 'Fin je marchais et puis voilà. Alors, comme il fallait bien qu'un jour je passe par cette épreuve, j'en ai profité. Je t'avoue que ça m'a fichu une sacré trouille et que quand on sortira de là, je n'y remettrais plus jamais les pieds. » Donc voilà la véritable raison. Enfin véritable il ne savait pas, mais il devait le croire sur parole, parce qu'il n'allait tout de même pas l'agresser en lui hurlant dessus, pour savoir si c'était la pure vérité ou non. De toute manière, cela lui suffisait.

- Je vois. Vous avez l'air... Enfin, tu n'a pas l'air de beaucoup apprécier cet endroit, il y a une raison à cela ? Non pas que je n'ai pas de vie pour m'en mêler mais... je suis curieux.

Oui, en effet. Michael était un personnage extrêmement curieux. Il aimait aider les autres, mais pour aider, il fallait avant tout connaître le problème. Il baissa les yeux vers les mains de ce dénommé Dave Martel. L'une d'elle était totalement écorchée. Il avait du se faire mal pendant cette petite course poursuite. Alors qu'il lui répondait, un bruit résonna derrière la porte, juste à côté de Michael. Tout d'abord, il arrêta le discours de son interlocuteur d'un geste de la main, fronçant les sourcils. Il eut l'impression que son estomac se retourna littéralement dans son ventre ; il ne rêvait pas, il entendait des bruits de pas. Il se releva à la vitesse de la lumière, bondissant sur ses pieds, se précipita vers Dave et le saisit par le coude cette fois-ci ;

- Je propose de faire plus ample connaissance devant un verre, Dave. Mais si on veut le boire un jour, vaut mieux se dépêcher de sortir d'ici !

Un bruit métallique raisonna sur les escaliers, comme une chute ou on ne sait quoi, et cela suffit largement pour donner une bonne raison aux deux trouillard de reprendre la course ; peut n'importe combien de temps ils devraient courir. Seuls ils étaient fort, ensembles ils seront invincibles.

Je te regarde. A l'entente de mon nom, tu sembles savoir qui je suis. Je ne suis pourtant pas si connu que ça. Si ? Faut croire. Attends, tu m'as dis que tu étais Michael. Moi et les prénoms, ça fait pas très... mais, attends. Kowlaski ? Kowalski comme... Kowalski ?! Sans blague Je te regarde, murmurant :

- Kowalski comment... enfin c'est toi le leader ?!

Oui, ça m'étonne, parce que je ne connais pas beaucoup de monde ici et tu es un des seuls, avec Diane Simon, que je connaisse de nom. Mais je ne t'avais jamais rencontré avant, et c'est un réel plaisir pour moi. Je t'aurais bien serré la main, j'aurais voulu tout savoir de toi mais bon, comment dire... c'est pas que l'endroit est mal choisit mais... si en fait c'est ça Alors je me calme, et me contente de t'observer. Je pourrais dire que je t'ai vu après J'peux avoir un autographe ? Taggle Dave. Bref. « Je vois. Vous avez l'air... Enfin, tu n'a
pas l'air de beaucoup apprécier cet endroit, il y a une raison
à cela ? Non pas que je n'ai pas de vie pour m'en mêler
mais... je suis curieux. » Je te souris, beaucoup plus détendu. En fermant les yeux, je pourrais même me croire ailleurs, en train de discuter avec un vieil ami. Mais bon, non, ça marche pas. Mes yeux brillants, intéressés, te suivent. Donc, tu veux savoir. C'est dur pour moi d'en parler, mais bon. Je me lance en haussant les épaules.

- Ben en fait, quand j'étais petit, ma mère m'a acheté une machine. D'ailleurs, il est là, dans une de ces cellules, je l'ai vu il a ouvert les yeux et...

Soudain, je vois ton geste pour m'intimer le silence. Je m'arrête net et te regarde, interrogateur. Soudain, un coup frappa derrière la porte que nous venions de franchir. Je me fige d'effroi. Crispé, je ne peux même pas bouger quand j'entends les pas monter. Même si je suis adulte et que Maxime est resté enfant dans son corps de fer, il serait plus fort que moi. L'homme les a créé robuste, ben tu parles ! Soudain, tu es debout. Tu me tires par le coude et je me lève d'un bond. Oubliée, la fatigue ! La course est repartie. Nous courrons dans les couloirs sombres, encore une fois. J'entends des pas dans notre dos mais n'ose pas perdre du temps pour me retourner. J'ai peur qu'il me saute dessus. Je glisse de nouveau et quand je me rattrape au mur, j'ai le malheur de m'enfoncer quelque chose dans ma plaie que j'avais déjà. Je peste intérieurement et reprend ma course, ne me fiant qu'à ta silhouette que je distingue à peine. Soudain, je vois les deux portes. Je sprint, use mes dernières forces, te double et pousse la porte avec violence. Elle s'en va claquer de l'autre côté. Le soleil est aveuglant, mes yeux se ferment automatiquement. Je trébuche sur la première pierre venue et plonge la tête dans le sable. Je suis tellement heureux d'être sortit que je ne me relève pas.

« Kowalski comment... enfin c'est toi le leader ?! » Michael eut un sourire brisé, car le bruit venait de raisonner. Ils se mirent à courir comme deux fous, sans même qu'il n'ai eu le temps de lui répondre. Le Citoyen fixait devant lui, avec le très peu de lumière qu'il y avait, mais peu à peu ses yeux commençaient à s'habituer à tout ce noir. Ils couraient depuis déjà une bonne dizaine de minutes, tournant dans ce labyrinthe sans fin, montant des escaliers, chacun faisant plus ou moins attention à l'autre, mais surtout à soi.
Il n'en pouvait plus ; il voyait à peine ce qu'il se passait devant, tellement sa vision était floue et saturée. Il ne ressentait plus ses jambes, tellement la douleur les écrasées, il avait l'impression d'avoir un pieu coincé dans la moelle épinière, et une ceinture coinçant totalement sa poitrine ; il lui était pratiquement impossible de respirer. Et soudainement, il l'aperçu ; elle, la porte. La chose la plus magnifique qu'il est pu voir en trois siècles après Diane. Il fut tellement heureux de la revoir qu'il s'en écroula tout net, alors que Dave venait de le dépasser. La lumière jait comme un feu de rage, aveuglant Michael. Il avait l'impression d'avoir oubliée cette lumière si chère ; sans perdre de temps, même s'il n'avait plus les moyens de continuer, il se releva tant bien que mal, et avant que la lourde porte de derrière n'ai pu se refermer, il l'a passa de justesse. Un énorme fracas se fit entendre derrière, mais il ne s'agissait bien sûr que de la fermeture. Michael regardait devant lui ; cette beauté, ce ciel, ce soleil, cet air ! .. Et trébucha soudainement sur quelque chose de dur, se retrouvant la face dans le sable.
Au départ, il n'eut ni la force ni l'envie de se relever, tellement il était épanouit de sentir cet air frais et cet odeur pure. Mais, après une bonne minute, il tourna la tête pour remarquer sur quoi il avait trébucha, chose qui n'était autre que Dave, qui lui aussi, était pétri dans le sable. Michael poussa ses jambes avec ses mains, comme s'il était victime d'une paralysie. Non pas que c'était le cas, seulement qu'il était tellement endolorit de toutes parts qu'il n'avait plus la force de faire un geste ; mais il se releva tant bien que mal. Il reprit sa respiration et éclata d'un rire sonore et heureux :

- Ha ! Putain ! On est vivants !

Il s'écroula sur le dos, et pu ressentir pleinement le mal de tête qu'il avait oublié pendant la course. Néanmoins, il releva la tête vers la porte, à une dizaine de mètres d'eux. Elle était intacte.

- T'a rien ? T'es pas blessé ?

Michael se rassit, encore en état de choc. Tout tourné autour de lui, et il longea son front ; le côté gauche de son visage était trempé de sang, apparemment, il avait frappé fort...

Le sable me brûle les yeux. Me rendant compte que je suis sur le ventre, et donc la tête dans le sable, je peste sur moi-même. Quel imbécile je fais. Michael doit me prendre pour un beau crétin. Mais soudain, quelque chose me heurte. Je réagis d'instinct : j'envoie le pied pour virer la machine qui me saute dessus ! Mais ma jambe endolorie ne touche que le vide. Je fais l'effort de lever la tête, il n'y a rien. Je n'ai pourtant pas rêvé ! Soudain, un bruit sourd à côté de moi. C'est bon j'ai compris. Je me retourne sur le dos avec un effort surhumain. J'essaye de ne penser à rien, et m'applique seulement à respirer correctement. Une fois ma respiration domptée, je jette un oeil à Michael, mon compagnon de fuite. Je regarde auss la porte, instinctivement. Elle est fermée. Nous sommes dehors. Le soulagement éclate. Je vous jure, j'en aurais pleuré. Mais, question d'honneur, je ne le fais pas. Soudain, presque en même temps que lui, j'éclate de rire. Bon ok, il n'y a rien de drôle, mais ce sont mes nerfs qui lâchent après ces longues minutes passées dans le noir, à tenter d'entendre quelque chose. Mes yeux sont fatigués d'avoir cherché dans le noir. Je les laisse s'habituder peu à peu au soleil dehors, maintenant bien haut. Il doit être 10h, par là. Je n'en sais rien, et j'en m'en fiche, en fait. « Ah ! Putain ! On est vivants ! » Je lui souris, soulagé de m'en être sortit car il faut l'avouer, ce n'était pas forcément gagné d'avance.

« Oui, on a réussi ! Ensemble. »

Je souligne, amical. Après-tout, je suis du genre franc avec moi-même : je sais que je ne m'en serais pas sorti sans lui. C'est lui qui m'a prévenu du bruit, lui qui m'a guidé vers la sortie. Sinon, je serais encore dedans et pour un bon moment. Jusqu'au moment où les machines m'auraient tué. Si je n'étais pas devenu fou avant. « T'as rien ? T'es pas blessé ? » Je jette un oeil à ma main. Merde, je l'avais oublié celle là. La blessure est moche, sale. C'est une plaie large comme un auriculaire, et longue comme mon doigt. Je pensais que c'était moins moche. De plus, je vois enfin ce que je m'y suis enfoncé. Un clou, petit vous savez, les plus petits. Les petits pointus là. Ben voilà.

« Oh fais chier. »

Je marmonne simplement. Je me redresse, assis dans le sable, mes cheveux en bataille me donnant un air plutôt séduisant et rebelle ( ) et te montre clairement ma main, une grimace sur le visage. J'en ai ras le bol. Je ne ressens même pas - encore - la douleur ; l'adrénaline est encore là, dans mon sang. Il faut en profiter. Je me rapproche de toi. Pose ma main sur tes genoux - pas de frayeurs, je ne suis pas gay (quoique... taggle Dave). Ma main est donc sur ton genoux, face vers le ciel. Je te regarde d'un air sérieux. J'ai moins l'air d'un gamin là, avec mon visage sale, mes yeux rougis, du sable sur le menton, et du sang sur le front.

« Retire-le. »

Il était encore tellement heureux qu'il pensait que rien ne pouvait gâcher cet instant ; mais hélas, il y avait. Il jeta un coup d'œil furtif à la main de Dave. Oh, oh, oh ! Oh ! Oh ! Non ! Le visage du jeune Leader changea de teinte, passa du genre de l'épuisant au violet pratiquement mort : il ne rêvait pas, il avait bel et bien un clou enfoncé dans la main. Sa paume était pénétrée d'une horrible feinte, longue comme un doigt. Les yeux de Michael s'élargirent, ses pupilles noires se dilatant. « Oh fais chier. » Il lui avait retiré les mots de la bouche. Oui, finalement, ce garçon pouvait peut être lire dans les pensées. Qui plus est, il avait l'air très courageux de ne pas hurler, chose que même Michael aurait aimé faire, non-concerné. Voilà encore une chose dont il avait horreur ; le sang, la médecin, et le retirage de clou d'un paume ensanglantée. « Retire-le. » Ah ça, pas question ! Non seulement parce qu'il n'en avait aucune envie, et qu'il aurait sur la conscience si jamais il le faisait mal, mais en plus de ça, Michael a eut son brevet de secourisme. Et dedans il était clairement marqué qu'il ne fallait jamais retirer un corps étranger.

- Non, Dave. Je ne peux pas. Je risque d'élargir la plaie. Il faut aller à l'hôpital.

Et il était tout à fait sérieux. Tellement sérieux d'ailleurs que même si il avait le sentiment que ses jambes étaient partit faire un tour, il se releva tant bien que mal. Seulement qu'à peine sa tête se fut retrouvée plus haut, elle bascula aussi soudainement qu'elle fut remontée, et on eut le droit à un Michael s'écrasant au sol.

- Bordel... - cracha t-il, la douleur l'envahissant.

Sa tête le frappait tellement qu'il en avait envie d'abréger ses souffrances pour de bon, et se jeter du haut d'une falaise ; seulement que ce n'était pas possible, il ne pouvait pas se lever. Ah ! Mais oui ! Il avait son portable ! Il le retira alors agilement de sa poche, souleva le couvercle de son super portable 2010 et tapa le numéro 15, fidèle numéro du SAMU.

" Samu bonjour ? "
- Hallô ? Je suis Michael Kowalski, j'ai besoin d'aide. Je suis en présence de Dave Martel, et il a une grande blessure profonde avec un corps étranger sur la paume. Je ne peux pas me lever, j'ai moi même une blessure grave.
" Sur quel membre ? "
- La tête.
" Où êtes-vous ? "
- En face de l'ancienne prison des machines.
" Ne bougez-pas, ne tentez rien, veillez juste à ce que Mr. Martel reste éveillé, s'il demande à boire ne lui en donnez pas, et compressez votre plaie avec un tissu. Nous arrivons. Si vous avez besoin d'une quelconque aide supplémentaire, n'hésitez pas à rappeler le numéro 15. "
- Très bien. Je peux raccrocher ?
" Oui. "
- Putain, quelle histoire. - déclara Michael après avoir raccrocher, et se rapprocha, rampant, de Dave - Les secours vont arriver.

Il s'allongea sur le dos, gardant un œil sur la main de Dave. Quelle vilaine blessure, oh, vraiment. L'idée lui venue alors de distraire son nouvelle ami avec une blague, une devinette ou une ancienne histoire, même si lui même avait du mal à voir clair devant lui.

- Tu sais quoi ? Je me suis toujours demandé si la poule était arrivée avant l'œuf, ou l'œuf avant la poule.

Il lui gratifia un air très sérieux et interrogateur. Vu que Michael était très, très, très rarement gêné par quoi que ce soit, il n'avait en effet pas de honte à dire cela. Néanmoins, cette question lui trotta de nouveau dans la tête, de tel manière que son cerveau bouillonna pour trouver la réponse ; qui ne venait toujours pas. En effet, Michael, vu d'en haut, cette réplique à vraiment l'air stupide...

Je te regarde fixement avec tout le sérieux du monde, la main tendue vers toi. Le sang s'écoule doucement de la plaie. J'observe la blessure pendant que tu sembles réaliser ce que je te demande. Je touche le clou du bout des doigts, et manque de me mettre à hurler. Oh non, la douleur arrive. Je remet la main devant lui, déterminé. Je serre les dents, prêt à sentir une vive douleur. « Non, Dave. Je ne peux pas. » Oh fais chier.« Je risque d'élargir la plaie. Il faut aller à l'hôpital. »Je te regarde avec des yeux ronds, incapable de parler. Je remarque ta belle blessure à la tête. Magnifique. Deux blessés là, qui sait qui va les ramener, les secours ? Je soupire et au moment où tu t'écroules dans le sable, je me laisse retomber sur le dos, la main droite en l'air pour ne pas faire rentrer du sable dedans. « Bordel... » Je ne te le fais pas dire. Bon et maintenant, on fait quoi ? Je soupire et ferme mes yeux à demi. Je me laisse emporter par des voix qui viennent d'ailleurs. Je les entends. Je les écoute, tend l'oreille, sachant bien que Michael ne les entendra jamais. Je leur dis d'approcher, pour que je comprenne ce qu'elles disent. « Ma fille est morte. » dit une des voix. C'est une voix de femme, de vieille femme. « Qui êtes vous ? » Je lui réponds, en le pensant fort comme je l'ai toujours fait. « Ma fille est morte, me répète-t-elle. Tuée par une machine. Je te connais, Dave. Il faut que tu la venges. Venges ma fille. Venge ta mère... » Je me redresse d'un seul coup. Merde. Je sais qui est cette voix. Ma grand mère. De mon mouvement brusque, ma tête se met à tourner. J'ai des vertiges, en étant juste assis. Je me prend la tête entre les mains. J'entends juste ton « Les secours vont arriver. » Ta voix est déformée. Je te regarde, tourne la tête vers toi. Des étoiles noires viennent obscurcir ma vue.

« Michael, y'a un problème, je bégaye, complètement ailleurs. Je... je te vois plus. »

Les sons me parviennent lointains. Un grand vide se fait soudain dans ma tête. Je pense que c'est à cause de la douleur. Enfin, que c'est comme ça que le cerveau gère la douleur. « Tu sais quoi ? Je me suis toujours demandé si la poule était arrivée avant l'oeuf, ou l'oeuf avant la poule. » Ta voix est déformée. Ca pourrait paraître drôle - car on dirait une marionnette détraquée - si je n'étais pas mort de trouille.

« Ah mon avis, c'est le dinausore qui a mangé la gazelle d'hier matin. »

Ca y est, je délire. Soudain, je regarde ma main. La plaie me semble encore plus moche, plus horrible. Et soudain, même l'adrénaline ne peut freiner la douleur. Après-tout, j'ai un clou en travers de la main. J'ai 23 ans, j'ai rien demandé, je me suis toujours bien comporté, putain, connard de Ciel qui s'acharne sur moi. Sur nous je devrais dire, même. Alors, c'est de concert avec les sirènes du samu, que je me met soudain à hurler une longue plainte lancinante. Aussi lancinante que notre excursion.

SUITE DU SUJET ; Arrivée (toujours aussi) lancinante.